Mobilité & Transports en Afrique : 10 grands axes de réflexion (cas de la Côte d'Ivoire)
- T-Dev C.
- 23 sept. 2021
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 juil. 2022
La mobilité (c'est à dire la possibilité pour chaque citoyen de se déplacer plus ou moins facilement selon ses besoins) et les transports (les moyens opérationnels utilisés pour effectuer un déplacement) constituent un levier crucial pour le développement économique et social d'un pays. Se déplacer facilement, rapidement et à moindre coûts permet d’améliorer le niveau de vie à travers des accès à des opportunités de business et d’emplois, des accès à l’éducation, aux services de santé et services administratifs, des accès à la culture et aux loisirs, et bien d'autres choses encore.
Dans plusieurs pays africains, se déplacer relève souvent du parcours du combattant (voies dégradées, embouteillages, transports en commun surchargés, absence de trottoirs ou de voies cyclables, zones isolées non/mal desservies par les transports en commun, manque de sécurité, corruption, temps de déplacement importants même pour de petites distances, pollution...), et ce, que l'on soit en zone urbaine dense ou en zone rurale. Plusieurs rapports et diagnostics réalisés par des ministères des transports, par des organismes internationaux et par de multiples structures en faveur de la mobilité en Afrique, ont mis en exergue toutes les limites du système et des infrastructures de transport notamment en Afrique subsaharienne.
En m'inspirant de la situation de la Côte d'Ivoire, pays africain que je connais le mieux, j'identifie dix grands axes de réflexion (surement non exhaustifs) pouvant aider à avoir une vision d'ensemble des enjeux et grandes orientations possibles en matière de mobilité.
L’axe 1 (transport routier de personnes) : Les enjeux sont de réformer/réorganiser la gouvernance du système pour assurer avec plus d'efficacité le développement et l'entretien des routes sur l'ensemble du territoire, mais aussi pour mieux mener la lutte contre des fléaux tels que la corruption, l'insécurité et la mortalité routière, les incivilités, ...
L’axe 2 (transport ferroviaire de personnes) : A développer très progressivement compte tenu des investissements lourds que ce secteur nécessite. L'enjeu premier sera de relier les grandes zones du pays entre elles, en priorisant les villes ayant de fortes concentrations de populations et d'activités économiques. Bien pensé, le ferroviaire pourrait favoriser à long terme le développement d'autres grandes villes et ainsi désengorger la capital Abidjan.
L’axe 3 (transport par voies d’eau - lagunes, fleuves, mers) : Également des investissements importants à réaliser pour profiter de l’exceptionnelle hydrographie de la Côte d’Ivoire. Le transport lagunaire constitue particulièrement un excellent moyen de désaturer les routes du Grand-Abidjan et plus largement du District des Lagunes au sud du pays. La navigabilité des fleuves pourra être requestionnée par exemple dans la perspective de nouveaux circuits pour le tourisme.
L’axe 4 (transport aérien) : Booster l’attractivité et la compétitivité de nos aéroports/compagnies aériennes et ainsi contribuer à attirer des investisseurs et des touristes étrangers (en provenance d’Afrique et du reste du monde).
L’axe 5 (grands chantiers d’infrastructures de transport) : Maitriser les dépenses/endettements publics et s’assurer que ces investissements lourds soient durables et profitables pour le pays.
L’axe 6 (transport de marchandises) : Optimiser les flux d’approvisionnement à travers le pays en développant et proposant une diversité d’options de transport en fonction de la nature des marchandises (alimentaires, non périssables, dangereuses, pondéreuses, ...), en fonction des distances entre zones de production et de livraison. Cet axe fondamental pour l'économie du pays est à traiter parmi les priorités.
L’axe 7 (écologie des transports et modalités de transport softs) : L’enjeu est de se projeter progressivement vers une transition écologique dans les transports, sans s’obliger à suivre le rythme et les orientations des pays occidentaux qui évoluent dans un contexte bien différents des réalités de l'Afrique.
L’axe 8 (industrie et innovation au service des transports) : Se donner les moyens de développer une industrie locale et de booster la capacité d’innovation afin de moderniser notre offre de transport. Penser à exploiter les opportunités offertes par le numérique et la puissance des réseaux télécoms actuels.
L’axe 9 (développement du capital humain) : Se donner les moyens de former, d’organiser des transferts de compétences sud/sud et nord/sud, de professionnaliser les métiers des transports et de favoriser la sortie de l’informel.
L’Axe 10 (Accessibilité pour les personnes à mobilité réduite) : Permettre à nos concitoyens en situation de handicap, de se déplacer avec sérénité, autonomie et dignité.
Chacun de ces 10 axes devra faire l'objet d'une analyse plus approfondie mais on perçoit déjà que la marche à franchir est encore très haute. Il faudra probablement plusieurs décennies aux pays les plus volontaristes en Afrique pour arriver à développer leur système de transports dans le cadre d'une urbanisation maitrisée et au service d'une mobilité accrue et durable. Pour cela, il sera nécessaire de mobiliser les énergies, les compétences, les capitaux et une réelle volonté politique pas toujours simple à obtenir !
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